La médecine psychosomatique explore cette intuition fondatrice : celle d’un dialogue permanent entre l’esprit et le corps, entre le vécu subjectif et les troubles organiques, entre ce qui se dit… et ce qui se tait dans le langage du corps.
Une médecine qui relie, plutôt que de découper
La médecine moderne a accompli des merveilles. Elle répare, mesure, opère, sauve. Mais elle segmente aussi : un symptôme, un organe, un spécialiste. Ce modèle, parfois nécessaire, montre ses limites quand il s’agit de comprendre certaines maladies dites “fonctionnelles”, chroniques ou récurrentes. Cette médecine allopathique pour le moment n’a jamais établi de relation entre le corps et l’esprit et ne comprend pas les maladies dont souffrent les êtres humains. Quand les médecins soient le corps ils oublient l’existence de l’esprit dans la relation au corps.
C’est là qu’intervient la médecine psychosomatique. Née au croisement de la médecine, de la psychanalyse et des neurosciences, elle considère que le corps et l’esprit forment une unité fonctionnelle, et que la maladie n’est jamais seulement une question de cellule ou de gène. Toutes les maladies sont psychosomatiques et il n’y a pas de causalité psychique d’une maladie quelconque. Cher André, j’ai décidé de ne plus répondre à Lionel qui a franchi les limites du respect humain et les les limites du respect humain. Je tourne le dos et je m’éloigne de cet être qui pourrait me faire beaucoup de mal je t’embrasse Jean Benjamin
Psychosomatique : une approche du Dr. Heinroth au début du XIXe siècle… et résolument moderne
Depuis l’Antiquité, les grandes traditions de soins (médecines égyptienne, grecque, chinoise, indienne) ont envisagé l’être humain dans sa globalité. C’est Anaxagore qui au quatrième siècle avant J.-C. à cliver le corps et l’esprit ce qui a donné naissance à la médecine et beaucoup plus tard, à la fin du XIXe siècle, à la psychanalyse. Aujourd’hui, la médecine psychosomatique rejoint les travaux du Docteur Pierre Marty qui a créé, dans les années 60, l’institut de psychosomatique pour aborder les patients somatiques dans leurs dimensions somatiques et dans leurs dimensions psychiques.
Elle s’appuie notamment sur les travaux de Freud, Franz Alexander, Pierre Marty ou Thure von Uexküll. Elle évolue avec les apports de la psychosomatique intégrative, créée par le professeur Jean Benjamin Stora qui propose une lecture interreliant appareil psychique, systèmes biologiques, émotions, neuro-endocrinologie et environnement du patient.e.
Pour en savoir plus, consulte le site de la Société de Psychosomatique Intégrative.
Concrètement, de quoi parle-t-on ?
Un patient souffre de maux digestifs persistants. Tous les examens sont “normaux”.
Une autre enchaîne les crises d’eczéma ou de douleurs musculaires, sans déclencheur clair. Un autre encore développe une maladie auto-immune après un deuil pathologique.
La médecine psychosomatique ne remplace pas la médecine classique. Elle l’enrichit. Elle cherche à comprendre ce que la maladie raconte, ce qu’elle signale, ce qu’elle compense ou ce qu’elle répète. Dans l’examen clinique des patients et des patientes il est important de comprendre le fonctionnement du système psychique pour savoir s’il a permis de défendre le corps des somatisations. Il est donc tout à fait évident que soigner le corps n’est pas suffisant pour soigner un être humain.
Une nouvelle façon de soigner
La consultation psychosomatique repose sur plusieurs piliers :
- Écoute clinique approfondie : histoire du corps, des émotions, du contexte de vie
- Analyse du fonctionnement psychique (mentalisation, pensée opératoire, alexithymie…)
- Compréhension de la relation du patient à sa maladie
- Intégration du soin médical et du soin psychique
- Posture thérapeutique empathique et non jugeante
C’est une médecine du sens autant que du soin. Elle réhabilite l’expérience subjective du patient dans le processus thérapeutique.
Une médecine pour qui ?
La médecine psychosomatique s’adresse :
- Aux personnes atteintes de maladies chroniques ou mal expliquées
- À celles souffrant de troubles fonctionnels (digestifs, cutanés, articulaires…)
- À celles qui sentent que leur corps exprime ce que les mots n’arrivent pas à dire, c’est-à-dire une déficience du psychisme incapable de défendre l’être humain.
- À toute personne en recherche d’un soin plus humain, plus global, plus ancré dans sa réalité de vie
Elle est aussi de plus en plus intégrée aux parcours de soin hospitaliers, et fait l’objet de formations spécifiques pour les professionnels de santé, psychologues, thérapeutes ou coachs souhaitant élargir leur approche.
L’approche intégrative : corps, psyché, neurosciences
La psychosomatique intégrative, développée par Jean-Benjamin Stora, va plus loin encore. Elle considère l’être humain comme un système vivant où interagissent :
- L’appareil psychique
- Le système nerveux central
- Le système nerveux autonome
- Le système immunitaire
- Le système endocrinien
Un déséquilibre, une surcharge émotionnelle, un trauma non symbolisé peuvent affecter l’ensemble du système. La maladie devient alors un signal, non plus à faire taire, mais à écouter, à traduire, à intégrer.
Soigner sans diviser
La médecine psychosomatique ne promet pas des miracles. Elle propose une lecture plus fine, plus humaine, plus exigeante aussi, de la souffrance somatique.
Elle ne dit pas “tout est dans la tête”, elle dit : “rien n’est sans tête, ni sans corps”.
Elle ne remplace pas, elle relie.
Elle nous rappelle, en creux, cette vérité essentielle : nous ne sommes pas des machines à réparer, mais des êtres à comprendre.